Les lettres aux parents décédés comptent parmi les plus importantes que vous puissiez avoir à écrire, car les deuils restés en suspens, c'est à dire qui ne sont toujours pas résolus, sont au centre de la vie psychique et peuvent être la source de nombre de somatisations et symptômes physiques, de processus d'identification à la personne disparue, voire de syndromes d'échecs.
Un rituel pour faire son deuil
L'expérience tend à montrer que ces lettres aux parents défunts doivent être rédigées sur plusieurs jours, voire une semaine, à raison d'environ trente minutes quotidiennement.
Elles sont d'autant plus nécessaires dans les cas de décès traumatique d'un membre de la famille (accident, attentat, suicide, crise cardiaque ou toute maladie grave ou soudaine à laquelle on n'a pas été préparé).
Cette lettre doit s'écrire toujours au même endroit, par exemple à votre bureau ou dans votre chambre, et à la même heure, ce qui fournit un cadre stable permettant d'exprimer des émotions susceptibles d'être bouleversantes. Nous vous conseillons de relire chaque jour ce que vous avez écrit les jours précédents et de poursuivre votre lettre. Si vous ne savez plus quoi écrire, il vaut mieux rester assis le temps prévu. On a recommandé à une jeune femme dont le père avait été malade durant plusieurs années quand elle était adolescente) de rédiger ce type de lettre. Pouvoir s'exprimer sur ce sujet tabou lui a permis de commencer son travail de deuil, si bien qu'à mi parcours d'écriture, elle a ressenti qu'elle pouvait enfin se détacher de son père et commencer à vivre pour elle-même.
Les actes symboliques
Où déposer cette lettre à un parent défunt ? La placer dans un lieu bien précis peut faciliter le deuil. Ainsi on a pu conseiller à une patiente dont l'oncle s'était suicidé par noyade de déposer la lettre directement sur les flots depuis la rive du fleuve o les faits ont eu lieu. Certains éléments de la lettre elle-même peuvent évoquer la personne disparue.
On a conseillé à une autre patiente d'écrire à son grand-père paternel, horticulteur de profession décédé tragiquement, de placer la lettre dans une enveloppe de couleur orange (il cultivait des orangers), puis de l'envoyer en Hongrie son pays d'origine) en inventant une adresse ( ...)
Le Courrier-Thérapie, Elisabeth Horowitz