Nous avons souvent affaire à deux transmissions parfois contradictoires ou divergentes : la transmission intergénérationnelle (entre générations se connaissant) et la transmission transgénérationnelle (sur plusieurs générations parfois lointaines) d'une tâche inachevée.
Il faut donc bien distinguer:
- ce qui est clair dans la transmission entre générations au contact, ce qui est connu, consciemment transmis, souvent verbalement, partie visible de l'iceberg;
- et ce qui est tenu secret, caché, non dit, non su, l'informulé, voire impensé (non pensé)- le transgénérationnel - parfois un évènement heureux, mais trop souvent un traumatisme ou un deuil non résolu et d'autant plus actif car silencieux : ce qui n'a pas été digéré, ni élaboré, mais confusément ressenti ou exprimé en maux, est transmis tel que - "brut de décoffrage", partie invisible de l'iceberg et qui nous dirige à notre insu.
Ce qui traverse les générations sans être digéré, "la patate chaude que l'on se repasse" reste sur l'estomac, actif et douloureux comme une colique.
L'importance de la prise de conscience de l'influence des liens transgénérationnels sur nous est fondée sur la constatation que les traumatismes et les tâches inachevées auxquels on n'a pas donné sens ou fin par une clôture, même symbolique, ressurgissent souvent et pendant des générations, sous forme de mal-être, de maladie ("mal à dit"), de morts tragiques ou prématurées, de prises de risque finissant tragiquement ou d'accidents.
Chocs, souffrances, douleurs, drames, traumatismes non réglés, deuils non faits, "mal morts", "mal a dit", secrets personnels ou de famille, tout ce qui reste inachevé, parfois depuis des siècles, non réglés par les générations précédentes, peut se transmettre de façon variées, profondes et parfois tragiques.
(Anne Ancelin Schutzenberger : Psychogénéalogie, Guérir les blessures familiales et se retrouver soi)
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